Crucifixion, mort et mise au tombeau de Jésus

 

GEJ11 C74
Crucifixion, mort et mise au tombeau de Jésus

1. Le Temple, apparemment vainqueur désormais, s’empressa de mettre à exécution aussi rapidement que possible le jugement de mort qui avait été prononcé.

2. Il n’y aura pas ici de description précise de tous les tourments que Mon corps dut endurer ; car ce sont là des choses qu’aucune âme humaine incarnée ne peut encore concevoir. Ce n’est que dans l’état de liberté de l’esprit qu’une âme peut comprendre en quoi ce martyre a servi à spiritualiser pleinement Mon corps et a donc contribué à la rédemption de sa matière, même si cette torture n’en était pas nécessairement la condition préalable.

3. Il importe ici de rectifier diverses erreurs et d’éclaircir certains points, afin de donner à partir des Evangiles, assez précis sur cette mort de Mon corps, une image tout à fait claire des dernières heures du Fils de l’homme.

4. Considérons en premier lieu le portement de la croix. Chez les Romains, la coutume voulait que tout criminel condamné à mourir crucifié portât lui-même jusqu’au lieu de l’exécution le bois de son martyre, et souvent, lorsque les forces lui manquaient, il était très cruellement tourmenté jusqu’à ce qu’il eût accompli cette peine. Bien sûr, cela ne Me fut pas épargné : et pourtant, les forces abandonnaient très vite ce corps tout à fait épuisé, si bien que Je tombai à terre plusieurs fois.

5. Or, le cortège rencontra Simon de Cyrène, qui était un adepte de Ma doctrine et connu des Pharisiens comme tel, et celui-ci vit avec horreur et compassion Mon état pitoyable.

6. L’un des templiers l’interpella d’un ton moqueur. disant : « Regarde ton grand maître, qui ne peut se sauver lui-même ! C’est aujourd’hui la fin de toutes ses tromperies ! »

7. Simon, en colère, lui répondit cette prophétie inspirée par l’esprit : « Vous maudirez l’heure où vous avez fait cela ! Mais moi, Je voudrais pouvoir servir mon Maître, afin d’alléger Ses souffrances sur ce chemin de douleur. »

8. « Fais-le donc ! crièrent plusieurs prêtres courroucés. Puisque tu oses dénigrer les actions du Temple, nous t’ordonnons, en pénitence, de porter toi-même la croix de ton maître ! » Entendant cela, Simon accourut avec joie : il prit la lourde croix sur ses robustes épaules, et, comme Je gisais à terre, il Me tendit encore sa main afin que Je puisse M’y appuyer. Je pris cette main, et Simon fut si grandement fortifié qu’il lui fut facile de porter son pesant fardeau.

9. Or, tous Mes amis les plus proches, qui, pendant le jugement, n’avaient pu venir jusqu’au tribunal, Me suivaient à présent, et, dans le peuple, beaucoup de ceux qui s’étaient d’abord tenus craintivement à l’écart pendant que les partisans du Temple criaient leurs « Crucifie-le ! » s’étaient maintenant rapprochés. Quand le cortège arriva en vue de la porte, devant laquelle une grande place lui permettait de s’étaler, cette foule se fit menaçante. Mais les Pharisiens, redoutant ce risque, avaient fait poster devant la porte du Golgotha toute une division de soldats romains qui attendaient le cortège afin de maintenir l’ordre.

10. Quand ceux qui Me voulaient du bien Me virent perdu sans espoir, et qu’il était impossible d’espérer M’arracher par la force aux mains des sbires du Temple, une grande plainte s’éleva, où les lamentations des femmes dominaient tout le reste.

11. M’adressant à ceux qui étaient le plus près de Moi, Je leur dis : « Ne pleurez pas pour Moi, mais plutôt pour vous et pour vos enfants : car il leur arrivera bien pire que ce que vous soyez qu’il M’arrive à présent ! Je M’en vais chez Mon Père : mais eux, ils ne sauront où aller. »

12. Dans la tradition ecclésiastique, il est dit que la vierge Véronique M’aurait tendu un linge pour essuyer la sueur. Cela est vrai, assurément : car elle se trouvait dans les premiers rangs de ceux qui se lamentaient. Mais que Ma face se soit imprimée sur ce linge est une légende apparue postérieurement. Et de même, il faut dire ici que ce Juif nommé Ahasver qui M’aurait chassé de sa maison n’a jamais existé de Mon temps. Bien que ces épisodes se soient introduits jusque dans les Evangiles, ce sont là des mythes nés par la suite des récits d’âmes pieuses qui s’efforçaient d’orner de tous les miracles possibles l’histoire de Ma mort physique.

13. Si tout s’était réellement passé comme on l’a rapporté – le grand tremblement de terre, le soleil obscurci, l’apparition des esprits et bien d’autres choses – tandis que Mon corps était sur la croix, Jérusalem aurait été contrainte, par des signes si forts, de faire le jour même pénitence sous le sac et la cendre : elle n’aurait pas accueilli Ma résurrection dans le doute, mais dans la joie, et l’aurait considérée comme le signe de la rémission de tous les péchés. Mais, au moment de la mort de Mon corps, il n’est rien arrivé de si extraordinaire que l’on fût forcé d’en attribuer la cause à cette mort et à rien d’autre. Et il ne pouvait en être autrement, parce qu’il fallait préserver le libre arbitre des hommes : car, s’il n’avait pas été nécessaire de préserver ce principe essentiel, n’aurais-Je pas pu les contraindre bien plus tôt par de semblables miracles ? Tout ce qui est arrivé s’est passé de telle manière qu’il aurait pu en être ainsi, même sans Ma mort physique – et nous allons donc examiner maintenant ce qui est arrivé.

14. Comme on Me conduisait au Golgotha, qui était en ce temps-là, à Jérusalem, le lieu habituel des exécutions, Judas l’Iscariote, jeté dans le plus profond désespoir, tenta de rompre le cercle que les gardes du Temple formaient autour de ce lieu. Violemment repoussé, il resta non loin de là, le regard fixe, espérant encore que quelque événement surnaturel viendrait Me délivrer. Il était resté constamment dans les parages pendant Mon procès, et son angoisse n’avait cessé de croître à mesure qu’il lui apparaissait avec toujours plus d’évidence, soit que Ma puissance avait disparu, soit que Je n’en ferais pas usage.

15. Enfin, il retourna en courant au Sanhédrin et voulut rendre l’argent reçu, disant qu’il avait trahi un innocent et s’accusant lui-même avec passion. Naturellement, on le repoussa sous les quolibets, lui faisant remarquer qu’en ce cas, il trouverait bien lui-même le moyen d’en finir. Tout à fait désespéré, il jeta l’argent dans la caisse des aumônes du Temple et courut dehors, encore soutenu par le faible espoir que Je Me délivrerais Moi-même avant que le pire ne fût arrivé. Mais, lorsqu’il vit Mon corps jeté à terre et placé sur la croix, lorsqu’il entendit les coups du marteau enfonçant dans le bois les clous qui traversaient Ma chair, il poussa un grand cri et s’enfuit en toute hâte. Sans regarder derrière lui, il courut jusqu’à un lieu désert où il se pendit à un figuier avec sa ceinture.

16. Il avait chèrement payé son erreur, son avidité et son égoïsme. Mais on racontera encore ce qu’il advint de lui ensuite.

17. Ce n’est que plusieurs jours après sa mort que l’on retrouva son cadavre, tombé à terre et rongé par les chiens et les chacals. Et il fut enfoui sur ces lieux mêmes.

18. Or donc, on raconte qu’une grande obscurité se serait faite tandis que Mon corps était suspendu à la croix. Oui, de profondes ténèbres vinrent sur Jérusalem, mais elles étaient intérieures et non au-dehors. Chacun les ressentit en lui-même comme s’il avait perdu quelque chose sans savoir ce que c’était, et même les grands prêtres, les docteurs de la loi, les pharisiens et les Juifs du Temple, qui avaient tant réclamé Ma mort, ne tirèrent de cet acte aucune satisfaction ni aucune joie.

19. C’est pourquoi aussi le Temple n’entreprit rien contre Mes disciples et Mes proches parents, ni contre Nicodème, Joseph d’Arimathie et Lazare, qui vinrent tous jusqu’à Ma croix et assistèrent à Mes dernières heures. C’est surtout à la haute position de Nicodème dans le Sanhédrin que les Miens durent d’avoir obtenu la permission de demeurer tout près de Moi, car les soldats qui occupaient les lieux ne laissaient approcher personne. Mais, grâce à cette intercession, on fit une exception pour Mes disciples. Cependant, à l’exception de Jean, les plus proches étaient absents, comme Je le leur avais déjà annoncé à bien des reprises. Le berger abattu, les brebis s’étaient dispersées. Après Mon arrestation, certains s’étaient réfugiés chez Lazare, d’autres chez des amis qui les gardaient cachés.

20. Seul Jean osa se montrer partout publiquement, et fut pour Ma mère Marie un soutien et une consolation.

21. Il est vrai que Pierre, saisi d’un profond remords après son reniement, suivait en secret le cortège qui Me conduisait d’une autorité à l’autre par les rues de Jérusalem : mais il se tint à distance de tous ses frères, car son âme éprouvait le besoin d’être seule. Les exercices qu’il avait pratiqués à Ephrem lui furent alors d’un très grand secours, car ils lui permirent enfin de comprendre très clairement le sens de Mon œuvre. Il reconnut la nature et le but de Mon trépas terrestre et fut fermement convaincu de sa nécessité, comme de Ma résurrection annoncée, qu’il attendit en toute confiance, bien que sans en dire mot à quiconque.

22. L’essentiel de ce qui concerne Mes dernières heures a déjà été dit, et, si l’on veut se le remémorer, qu’on lise les « Sept Paroles sur la Croix* », et l’on sera suffisamment éclairé sur ces dernières heures.

23. Il est vrai qu’il y eut un tremblement de terre à l’instant où Mon âme se sépara de Mon corps : mais, là encore, c’était un phénomène qui ne frappait guère les esprits, car, en ce temps-là, les forces souterraines de la vallée du Jourdain se faisaient encore sentir bien plus fréquemment qu’aujourd’hui, et les tremblements de terre n’étaient pas rares dans cette région. Mais les Juifs obstinés ne s’avisèrent pas que ce phénomène était véritablement en relation avec Ma mort.

24. Il est vrai aussi que le rideau du Temple se déchira, et ce signe extérieur devait signifier qu’il n’existait désormais plus aucun obstacle pour empêcher d’atteindre le saint des saints dans le cœur du Père, et même que tout un chacun pouvait y accéder afin d’y recevoir la vie éternelle: mais, bien que merveilleux, cet événement ne fit pas davantage sensation. Les prêtres de service raccrochèrent le rideau en place, et l’affaire fut ainsi réglée.

25. On rapporte aussi que le soleil cessa de briller. Comme il a déjà été dit, ce ne fut pas l’obscurité complète – mais, dans les pays chauds, comme chacun sait, l’atmosphère se trouble considérablement à l’approche d’un tremblement de terre, et le soleil perd de son éclat. C’est ce qui arriva alors. Mais, bien sûr, cette absence d’éclat du soleil avait ici une tout autre signification qu’à l’ordinaire, bien que le phénomène fût identique.

26. On rapporte en outre que des morts sont sortis du tombeau, et qu’il y eut beaucoup d’apparitions. Il faut bien comprendre la signification de ces récits, et on la comprendra mieux avec ce qui suit.

27. Quand Mon corps eut péri et que Mes nombreux ennemis curent ainsi pleinement assouvi leur désir de vengeance, la foule ne tarda pas à s’en aller, d’autant plus que, saisi d’effroi – ces ténèbres intérieures dont il a déjà été question -, chacun était pressé de trouver refuge dans sa maison ; car, selon leurs préceptes, les Juifs devaient maintenant se préparer au sabbat, qui approchait avec le coucher du soleil.

28. Mes adeptes venaient donc en nombre toujours plus grand vers le lieu du supplice, et, autour de Moi, le cercle grandissait sans cesse. Un peu plus tôt déjà, Joseph d’Arimathie était allé demander Mon corps à Pilate, une faveur qui n’était pas toujours accordée.

29. Mais Pilate la lui accorda volontiers, car il savait ainsi contrarier les Juifs, comme avec l’inscription en trois langues, disant que J’étais roi des Juifs, qu’il avait fait placer au sommet de la croix.

30. Aussitôt, Mes amis descendirent Mon corps de la croix, le lavèrent et l’oignirent. Puis ils le portèrent avec sollicitude jusqu’à un tombeau creusé dans le roc et qui appartenait à Joseph d’Arimathie. Car celui-ci avait acheté ce terrain à Nicodème pour y dormir lui-même un jour de son dernier sommeil.

31. Le Golgotha était certes une colline pierreuse, mais il y avait tout près de là un quartier fort peuplé de la ville, où beaucoup de riches Romains et Juifs avaient acheté des terres pour se faire construire des villas magnifiques – et ceci explique la proximité du jardin.

32. Ils couchèrent Mon corps dans ce tombeau et le gardèrent bien, craignant que les Juifs, dans leur méchanceté, ne veuillent encore faire quelque mal à Mon cadavre.

33. De leur côté, ces derniers craignaient aussi que Mes adeptes ne veuillent emporter le cadavre et prétendre ensuite que J’étais ressuscité : car ils savaient par la rumeur publique que l’on parlait beaucoup, dans le peuple, de la façon dont J’avais annoncé non seulement Ma mort, mais Ma résurrection. Ils demandèrent donc des sentinelles à Pilate, qui les leur donna de bonne grâce, car il était lui aussi curieux de voir si ce miracle que tous attendaient, Mes amis avec espoir, Mes ennemis avec crainte, aurait vraiment lieu. Il envoya donc une garde de soldats romains, qui restèrent cinq jours durant à surveiller le tombeau.

 

* Die sieben Worte Christi am Kreuz ( »Les Sept Paroles du Christ sur la Croix »). reçues par Antonie Groβheim. Lorber Verlag (non traduit en français).